• 18.11.2019 Journal de Paul Hoarau n°131-2019

    QUESTION POSÉE ENCORE MAINTENANT : QUI EST RÉUNIONNAIS ?

    Mes deux derniers « journaux » ont suscité de nombreuses réactions positives qui précisent les contours de La Réunion que nous voulons construire et qui montrent, aussi, l'étendue et la profondeur des dégâts causés par la « départementalisation manquée ». Dans cet ordre d'idée, il est une question récurrente qui montre la profondeur de ces dégâts : QUI EST RÉUNIONNAIS ?

    our la plupart d'entre nous, les choses sont claires. La question ne se pose même pas : je suis Réunionnais. Maintenant, compte tenu de notre histoire récente, des pressions idéologiques, des rapports de force, de pratiques politiques, etc., deux questions viennent assombrir nos certitudes :  si tu es Français, peux-tu être Réunionnais ? et c'est quoi être Réunionnais ? Ce sont deux questions pièges.

    Lire le document complet ci-dessous
    Pour afficher en plein écran cliquez sur le bouton en haut à droite. 

     

     


    Tags Tags : ,
  • Commentaires

    1
    Mardi 19 Novembre 2019 à 04:39

    Bonjour,

    Je ne suis pas sûr que cet exposé e Paul Hoarau, fort bien argumenté au demeurant, permette vraiment de donner une réponse à la question posée.

    Je partage le point de vue de Paul Hoarau sur le fait qu'on est Réunionnais ET Français. Cela dit, être Français est simple, à définir : c'est avoir la nationalité française…Mais comme la nationalité réunionnaise n'existe pas (pas encore ?), on se retrouve dans une problématique culturelle d'appartenance à un peuple.

    Pour avancer un peu sur la question posée je suis tenté de proposer d'essayer de répondre à trois questions pour savoir qui est Réunionnais et qui ne l'est pas.

    Primo : est-ce que la personne concernée par la question se sent Réunionnaise ?

    Secundo : est-ce que son entourage, ses fréquentations la considère comme Réunionnaise ?

    Tertio : est-ce que d'un point de vue donné par quelqu'un d'extérieur à la Réunion la personne est considérée comme Réunionnaise.

    Cette interrogation en 3 points rejoint celle donnée par des statisticiens (aux USA en particulier) pour tenter d'identifier l'appartenance ethnique ou raciale de quelqu'un (démarche de "classement" interdite en France…sauf en Nouvelle-Calédonie ou en Polynésie où les recensements distinguent les habitants selon leur ethnie…classement à distinguer des critères électoraux en Nouvelle-Calédonie où, pour faire, simple, la durée du séjour est prise en compte).

    Primo : les caractéristiques physiques (couleur de peau, morphologie crânienne ou autre) permette de classer les personnes par groupes.

    Secundo : la personne se considère-t-elle comme faisant partie de tel ou tel groupe de la population ?

    Tertio : dans quel groupe les "autres" (proches, fréquentation,…) classent-elles la personne.

    Et c'est la confrontation des trois points de vue qui permet d'opérer un classement dans tel ou tel groupe.

    Dans l'exposé de Paul Hoarau ressort, indirectement, la durée du séjour (dans l'expression "de passage et qui vont repartir…") pour qualifier quelqu'un de Réunionnais.

    Paul Hoarau évoque régulièrement la notion de peuple réunionnais dans ses écrits. Dans ce journal n°131 également. En revanche la langue créole est à peine évoquée alors qu'il me semble que pour pouvoir prétendre être Réunionnais il faut avoir un minimum de pratique du créole. Pas forcément le parler et le comprendre de façon fluide et encore moins l'écrire (le créole écrit n'est pas stabilisé). Mais au moins en comprendre l'essentiel et s'efforcer de le parler même imparfaitement.

    Pour terminer je prends mon cas personnel :

    Né à Paris en 1942  je suis arrivé à la Réunion en décembre 1965 et je me considère comme Réunionnais depuis la fin des années soixante. Depuis que j'ai décidé, en mon âme et conscience de rester fidèle à mon île d'adoption pour le restant de mes jours. Décision qui fut douloureuse lorsque j'ai dû quitter l'île pendant 17 ans (de 1985 à 2001) pour mon travail, période pendant laquelle je me suis senti exilé au plus profond de moi-même. Mais dès le premier jour de ma retraite j'ai rejoint "mon" île avec tout le bonheur qu'on peut imaginer. Je vis dans un village des Hauts du Brûlé depuis mars 1967, en location puis en propriétaire depuis 1974. A proximité de plusieurs dizaines de familles de condition modeste avec qui je partage le quotidien en échangeant en créole bien sûr. J'ai eu la chance d'être considéré comme Réunionnais par mon administration d'origine (les fameux centre d'intérêts moraux et matériels) ; il est vrai que je n'i eu de cesse, pendant mon exil consenti, de rappeler que mon port d'attache était La Réunion…

    Charles DURAND…Réunionnais du Brûlé.

      • Alain DOULET
        Samedi 23 Novembre 2019 à 12:10

        Je crois effectivement qu'un des points clé est cité : la loi française ne permet pas de classer les gens selon n'importe quel critère en particulier racial, ethnique ou religieux. La France refuse la logique communautariste que l'on retrouve aux Etats Unis, avec des points forts et des points faibles.

        Ce qui me gêne dans la recherche de classification, c'est qu'elle divise, alors que sur un territoire comme la Réunion, l'essentiel c'est que tout le monde tire dans le même sens. Pour cela il ne faut pas opposé les uns aux autres.

    2
    Alain DOULET
    Samedi 23 Novembre 2019 à 12:06

    La lecture de cet article me rappelle évidemment le débat engagé il y a quelques années en France métropolitaine « c’est quoi être français ? », et je me souviens des attaques souvent véhémentes de beaucoup considérant qu’il n’était pas sain d’engager un tel débat qui a été très vite attribué à la droite dure et identitaire. Vouloir définir qui est français revient forcément à définir qui ne l’est pas et cela n’a d’intérêt bien sûr que pour marquer une différence et l’on voit tous les dangers que certains peuvent mettre en avant. Alors aujourd’hui, face à la question c’est quoi être réunionnais, je me pose la question : en quoi ce débat est-il différent du débat c’est quoi être français ? L’un de ces débats pourrait il être bon et l’autre mauvais ?

    Deuxième piste de réflexion, étant récemment hors département comme on dit, je côtoie un indien – je ne le savais pas au départ, sauf que nous parlions anglais- et il me demande qui je suis. Je lui dis comme je le fais habituellement un français habitant à la Réunion. Et je lui demande de même. Je pensais connaître ainsi d’emblée son pays d’origine. En fait, il me répond : je suis un catholique. Au fil de la conversation, j’ai compris que son sentiment d’appartenir à une minorité le poussait à affirmer en premier sa religion, plus que sa citoyenneté par exemple. Cela m’a rappelé des échanges passés à ce sujet ; quand on demande « qui es-tu ? » on déclare ce qu’on est en fonction de son adhésion à des valeurs et celles-ci peuvent être très différentes. Elles peuvent être géographiques mais également culturelles, religieuses. Elles n’ont pas pour but de créer des communautés mais uniquement de mettre en exergue des éléments qui tiennent à cœur. Elles montrent ce à quoi on adhère. Dans une entreprise elles sont le signe d’une culture d’entreprise. Adhère t’on à un métier (je suis plombier), à une entreprise (je suis chez xxx), à une usine en un lieu ? Donc ne faisons pas de la question c’est quoi être réunionnais ? la question centrale mais plutôt c’est quoi tes valeurs ? ce me semble beaucoup riche.

    Autrement, je suis d’accord avec l’idée que se dire réunionnais signifie qu’on met ses capacités au service du territoire. Et je ne reconnais à personne le droit de définir les conditions de l’obtention d’un diplôme de réunionnais surtout quand on connait l’histoire du peuplement local. Cela me rappelle la définition du parisien jadis : enfant né à Paris de parents eux mêmes nés à Paris sur 2 générations. On constatait d’ailleurs qu’il n’y en avait pas beaucoup de « vrais parisiens » comme on disais. Et quel intérêt ? Sauf à engendrer des risques de clivage car scinder une population en groupes conduit inévitablement à identifier ces groupes par des droits et des devoirs différents.

    Dernier point : l'article évoque de multiple retours sur les journaux précédents mais je n'ai rien vu sur le blog.

     

     

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :