• 20.01.2020 Journal de Paul Hoarau n°140-2020

    NOUS RETROUVER COLLECTIVEMENT, MASSIVEMENT ET PUBLIQUEMENT.

    L'exploit sportif de la Saint-Pierroise sur Niort et sa plus qu'honorable défaite devant Epinal dans la compétition pour la coupe de France de football, a soulevé, ici, un mouvement de solidarité, de fierté, d'affirmation populaire. Un commentateur radio a parlé de la fierté d'un peuple, et à la télévision, les téléspectateurs ont pu voir se déployer une banderole sur laquelle était inscrit : « Nou lé la ! ». L'exploit a été ressenti comme un exploit de La Réunion. Il n'y a pas de repli sur soi dans cette expression. Au contraire, les dirigeants d'Epinal ont reconnu que leur équipe a bénéficié d'une publicité à la radio, à la télé et dans la presse, à laquelle ils n'étaient pas habitués, à cause de la Réunion (nou lé la !). 

    La tactique de défense de la Saint-Pierroise en face de l'équipe d'Epinal pour encaisser le moins de buts possible, a tenu du réflexe naturel d'une équipe qui se sachant plus faible, a adopté une tactique collective intelligente, saisissant les opportunités qui se présentaient pour percer dans la surface de l'adversaire et tenter de marquer. Ce qui s'est produit plusieurs fois. Quelle aurait été l'issue du match si Fontaine n'avait pas été privé de terrain ?… Le réflexe réunionnais soutenu par les supporters réunionnais, grâce à une technique toujours meilleure, peut faire espérer que le cap des seizièmes de finale et les autres, seront franchis un jour.

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  • Commentaires

    1
    alain DOULET
    Vendredi 24 Janvier 2020 à 07:17

    Tout d’abord recevez mes vœux pour cette nouvelle année 2020.

    Que de ce site d’échange, émergent de nombreuses idées. Mes vœux s’adressent aussi aux lecteurs et à ceux qui réagissent, même si je n’arrive pas à savoir qui ils sont, car je ne vois que très peu de commentaires sur le blog.

    Je vous soumets quelques propos globaux sur les derniers numéros, en toute humilité. Beaucoup d’idées sont émises sur le peuple et sur la distinction entre le peuple et la nation. Cette distinction est évidente mais elle n’est pas propre à la Réunion. Je dirai même que c’est certainement à la Réunion que le peuple est le plus jeune de France. Les basques, les béarnais, les savoyards, les bretons sont millénaires alors que les réunionnais sont tricentenaires et encore avec des origines très diverses. En fait la différence de perception vient de ce qu’il est facile de tracer un pointillé entre la Réunion et l’hexagone, moins simple de le faire entre la Bretagne et le reste de la France, d’ailleurs on débat toujours de l’appartenance ou non de la Loire Atlantique à la Bretagne ! Mais cette facilité à identifier le peuple réunionnais ne doit pas amener à surévaluer son rôle en tant qu’entité dans la nation. Il fait partie de tous ces groupes qui ont choisi dans le passé plus ou moins lointain de mettre leur destin, leurs compétences, leurs valeurs en commun dans un système social et politique qui s’appelle la nation. C’est cela qui doit être le message majeur.

    Le second point qui me frappe, c’est le débat sur l’équilibre entre ce qui se décide ici et ce qui se décide à Paris pour faire simple. Ce débat est permanent depuis la révolution de 1789 et il est clair que la France est un pays centralisateur, à la différence de l’Allemagne ou des Etats Unis par exemple. Là encore le cas de la Réunion n’est pas une exception en France même si on conçoit que les particularités géographiques, climatiques, culturelles amènent naturellement à des solutions qui doivent être spécifiques. La centralisation concerne en fait le lieu de prise de décision, sachant qu’en pratique, beaucoup de règles sont spécifiques pour les territoires ultramarins. Nous sommes loin aujourd’hui d’utiliser tous les leviers locaux à notre portée.

    Je suis persuadé et cette persuasion date de mon activité professionnelle ici, que beaucoup de choses se décident à Paris parce qu’ici, on ne veut pas décider et ceux qui ne veulent pas décider ne sont pas des gens d’ailleurs, mais des gens d’ici. La nature ayant horreur du vide, ce qui n’est pas pris en mains ici, l’est pris ailleurs. Mais faire croire que les réunionnais sont dépossédés est à mon avis excessif. Cela pousse à du ressentiment alors qu’il faudrait plutôt obtenir un regain d’engagement. La classe politique locale est faible, clientéliste. Elle ne cherche pas à tirer les citoyens vers le haut et c’est là, la principale cause du déséquilibre qu’on trouve aujourd’hui. Tout ceci a été écrit dans les différents journaux, mais il ne faut pas dire que la cause est la prise du pouvoir par d’autres. Celle-ci en est la conséquence, compte tenu du cadre institutionnel dans lequel nous vivons.

    La petitesse de l’ile a des avantages mais a aussi des inconvénients : tout le monde se connait, cela développe l’économie souterraine, les malversations proches de la corruption, les arrangements. Seule, la mobilité des élites, et si possible du plus grand nombre, peut aider à réduire ces inconvénients. Elle permet aussi une ouverture sur autre chose, car il est difficile de progresser sans regarder ce qui se fait de mieux ailleurs. Alors j’entends les doléances de ceux qui doivent partir pour progresser. Les mêmes exigences sont exprimées pour bon nombre de cadres, y compris connaître une expérience à l’étranger. N’y a-t-il pas un paradoxe à bénéficier de la continuité territoriale pour les vacances et en même temps refuser de bouger pour le travail ? ll ne faut certainement pas obliger à bouger mais il faut expliquer que les efforts seront récompensés et qu’en fonction des choix que chacun fera, la carrière ne sera pas la même. Bouger ne doit pas être présenté comme une sanction mais comme une chance. Mais fort heureusement, parmi les jeunes en enseignement supérieur, je rencontre une majorité prête à bouger. L’enjeu sera de les convaincre de revenir apporter leurs compétences dans leur pays. Et je pense qu’il faut féliciter les anciens de la Réunion qui ont eu le courage il y a 30 ou 40 ans d’aller étudier en métropole, car à cette époque les conditions étaient difficiles, puis de revenir et de contribuer à la progression du département.

    Beaucoup de choses ont été dites sur le modèle économique et social. On dit, il faut le réformer mais pas le casser. Je n’ai jamais vu où se situait la frontière. C’est à mon sens un slogan mais pas plus. Aujourd’hui, qu’on le veuille ou non, la Réunion est plongée dans une économie mondiale. Elle importe pour 5 milliards de biens dont 40% vient hors de France. On peut le regretter mais c’est un fait. Les Réunionnais devraient en permanence avoir cette question à l’esprit : 5 milliards d’import, 200 millions d’export, comment réduire ce déséquilibre ? Qui aujourd’hui se pose cette question ? On se pose beaucoup plus la question de savoir comment améliorer les acquis, renforcer les droits plus que participer au développement. L’assistanat s’est installé. Apportant mon appui à une mission locale, je vois combien il est difficile de mobiliser les jeunes pour les faire travailler. Trop de postes vacants ne trouvent pas preneurs. Certes, tous ne sont pas des chômeurs satisfaits mais il faut avoir le courage de dire les choses en face : l’appétit du travail se perd. Lorsque je décris ce qui se passe ici, mes enfants qui travaillent en métropole, ou dans d’autres pays, sont interloqués. Ils ont l’impression de ne pas vivre dans le même monde que nous. Et ici les entrepreneurs ont peur d’entreprendre : embaucher c’est aller au-devant des problèmes. Je pense que malheureusement c’est vrai mais c’est insensé !! Créer de la valeur à la Réunion, par tous les moyens, est la seule voie crédible pour redonner la fierté d’appartenance aux habitants.

    Enfin, concernant la communauté de l’Océan Indien, ayant travaillé à la COI, j’ai pu voir l’état de la collaboration entre nos 5 états. Il n’y a pas aujourd’hui de volonté politique réelle de promouvoir une communauté indianocéanienne. Cette communauté émerge sur le plan culturel encore qu’il s’agit plus de partage que de mise en commun. Mais sur les autres plans, la vie communautaire est réduite aux actions qui servent l’état qui les conduit. Le fossé entre les pays rend d’ailleurs la collaboration équilibrée très difficile. Nous verrons si avec la présidence française de juillet 2020, une impulsion nouvelle est donnée.

     

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